depuis ce soir de méchant froid
où de boire j' ai pris le droit
je ne vois plus la vie en rose
elle ne m' offre plus grand chose
je chasse pourtant l' éléphant
quand il me vient que cœur me fend
à grand renfort de bons vins blancs
ville déserte t' y es plus
amère ville tu n' es plus
futile et vile à ta venue
o toi ma chante lune nue
j' ai fait voyage dans ton île
tu fis escale en mon exil
tout ce que je pense n' appartient
qu' aux seules couleurs de ta peau
ce que j' ai pris comme mon bien
ce qui fut beau ce qui fut joie
enfoui à patraque mémoire
car il y eut ce méchant froid
car il y eut ce méchant soir
où tu mis en banale valise
ce qui était nos blancs nos bleus
dans un arc – en – ciel de roses
mêlées à nos drôles de noir
pourtant quand tu me fis joyeux
pudeur avait perdu sa mise
je l' ai crié haut et bien fort
tu avais un con de génie
appel à mes petites morts
au plus que bonheur de mon vit
je t' ai perdue lumière nue
j' étais langue balbutiante
pour m' en aller chanter ta fente
halo de brun' lumière drue
miel de lune douce et nue
à nulle autre hallucinante
là-bas sans chiffon sans chemise
pudeur avait perdu sa mise
quand on a un cul comm' ton cul
o Mi ton cul quel cul ce cul
tout ce que je rêve n' appartient
qu' à la couleur de tes cuisses
Gauguin Pissaro Matisse
peuv' t aller briser leurs pinceaux
et puis Monet et puis Manet
iris nénuphars et roseaux
peuvent aller se rhabiller
tout ce que je rêve n' appartient
qu' à tes couleurs aubes sur ta peau
Vincent seul peut-être aurait pu
imaginer un petit peu
un tout petit peu guère plus
il en serait tout malheureux
o fille verte chante lune nue
tu manques ma Mi tu manques
j' éjacule des larmes noires
les larmes d'une atroce foire
tu manques ma Mi tu manques
je brâme le deuil du méchant soir
j' ai couvre – feu d' amère ville
je suis très vieux sans ton regard
tu n' es plus Mi de grande perte
chante lune nue fille verte
notre ancienne ville est déserte
ville déserte t'y es plus
me rest' jupes courtes aventures
maquillages en bas coutures
et des copains de bar
lumière morte
et lune tue
les Maraîchers, La Plaine, octobre 2014